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Médias - Article paru le 30 juin 2009 dans l'Humanité

 

La Semaine de la presse est-elle menacée ?

La 21e Semaine de la presse à l’école aura-t-elle lieu en mars prochain comme chaque année ? La question mérite d’être posée et Luc Chatel, le nouveau ministre de l’Éducation nationale, serait bien inspiré d’y répondre. C’est le ministre qui fixe en effet les moyens minimaux nécessaires à la mise en oeuvre de l’éducation aux médias qui, soit dit en passant, est désormais un apprentissage obligatoire. Depuis vingt ans et quels que soient les ministres qui se sont succédé, le CLEMI (Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information), qui dépend du ministère de l’Éducation nationale, organise cette manifestation. Du 23 au 28 mars 2009, près de 5 millions d’élèves ont ainsi pu apprendre « une pratique citoyenne des médias », selon la formule consacrée. Fruit d’un partenariat entre le CLEMI et toutes les organisations représentatives de la presse et des médias d’information audiovisuels, la Semaine de la presse est devenue un rendez-vous majeur de l’année scolaire.

Or, alors que les compétences des animateurs du CLEMI et son travail sont reconnus, voilà que montent de sérieuses inquiétudes dans certaines académies quant à la possibilité d’organiser cette Semaine de la presse en 2010. Le risque de voir disparaître des correspondants académiques du CLEMI est réel. Depuis 2007-2008, le CLEMI a dû faire face à une diminution de ses moyens, conséquence de la politique de restriction budgétaire engagée par Xavier Darcos. En 2009-2010, sept équipes académiques auront leurs moyens réduits. À Grenoble et à Limoges : le demi-emploi de décharge de service est transformé en heures supplémentaires, ce qui rend impossible de faire travailler les équipes du CLEMI. À Dijon, Montpellier et Nice : le deuxième demi-poste de décharge des équipes est transformé en heures supplémentaires. Le coordonnateur conserve ses moyens mais c’est le deuxième collègue (du primaire ou départemental) qui voit ses moyens disparaître… À Amiens et en Guyane : les coordonnateurs ont démissionné. Le premier parce que ses moyens ont été divisés par deux, le second en raison de la suppression du demi-emploi remplacé par quatre-vingt dix heures supplémentaires. Rien n’est prévu pour l’année prochaine.

Le rapport de l’inspection générale souligne pourtant dans ses recommandations qu’il faut, d’une part, « consolider le CLEMI national en sa qualité d’ingénieur de formation, de centre de ressources et d’opérateurs de partenariats », et d’autre part, « stabiliser le statut des correspondants académiques du CLEMI auprès des recteurs afin de leur donner la légitimité nécessaire à l’animation des réseaux pédagogiques et des partenariats ». Le conseil d’orientation et de perfectionnement du CLEMI a mandaté son président, Jean-Marie Dupont, pour intervenir auprès du ministre. Il serait tout de même pour le moins paradoxal de réduire les moyens du CLEMI au moment où, de toutes parts, on ressent la nécessité de l’éducation aux médias, ce qu’ont du reste rappelé les états généraux de la presse écrite au début de l’année.

Claude Baudry

Tag(s) : #Médias
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