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Propositions du comité Balladur et derniers chiffres du chômage :

Conférence de presse de Marie-George Buffet (PCF)



Gilles Poux, Maire de la Courneuve, Pierre Laurent, Coordinateur national du PCF et Christian Favier, Président du Conseil Général du Val de Marne étaient également présents.



Mesdames, Messieurs,


90 200 demandeurs d’emploi ont été recensés en janvier. 2,2 millions au total. Autant d’hommes et femmes privés de travail, suspendus aux nouvelles règles iniques de l’indemnisation chômage, frappés de plein fouet dans la maîtrise de leur vie.

Aussi quand on voit la souffrance sociale qui se cache derrière ces chiffres, je ne peux que dire la colère des communistes devant l’entêtement et le dogmatisme du gouvernement et du président. La semaine dernière, on a eu droit à un sommet social dont les conclusions pour le pouvoir étaient écrites avant même le début de la rencontre avec les syndicats : on ne change pas une politique qui perd !

Et depuis des semaines, le gouvernement affiche mépris et morgue devant les populations levées pour le pouvoir d’achat, les salaires, leur dignité dans les Antilles. Aujourd’hui un accord serait en vue en Guadeloupe. Je m’en félicite. Jusqu’à présent le MEDEF bloque toute sortie de crise ; cela ne nous étonne pas vu le comportement de cette organisation patronale qui joue plus la crise et le maintien de ses privilèges que la promotion de l’emploi et la relance de notre économie, même si aujourd’hui Mme Parisot rappelle à l’ordre, du bout des lèvres, le MEDEF Guadeloupe. Quoi qu’il en soit, rien ne peut justifier que l’Etat ne mette pas toute son autorité pour obtenir un accord portant sur l’ensemble des départements ultra-marins, sur tous les bas salaires en dessous de 1,4 SMIC et mettant les bénéfices des grands groupes à contribution.

Je ne suis pas de ceux qui jouent la peur sur les risques d’embrasement dans les Antilles. Ces populations sont debout. Il faut les entendre et pour cela que le gouvernement et le patronat satisfasse leurs revendications.

Le PCF est pleinement solidaire de ce mouvement. Deux délégations conduites par JL. Le Moing et P. Laurent, avec des parlementaires, se sont rendus sur place. Nos élus multiplient les initiatives de solidarité. Et nous sommes de toutes les manifestations de soutien.

Cette semaine enfin, c’est un gouvernement sans voix devant les conséquences brutales de sa politique sur l’emploi : la France s’appauvrit, notre savoir faire industriel et agricole est en train de s’évanouir, et le gouvernement ne réagit pas, faute de volonté d’affronter réellement les responsables de la crise. Chaque jour qui passe, le refrain du président Sarkozy : « il faut poursuivre mes réformes » ne permet plus de cacher qu’il refuse obstinément de quitter les sentiers du dogme libéral et nous place ainsi en situation d’incapacité de sortir de la crise. Les mêmes causes faisant les mêmes effets, toute l’Europe est pleinement frappée.

Nicolas Sarkozy prétend avoir fait le choix de l’avenir en faisant le choix d’une soi-disant relance par l’investissement plutôt que par la consommation.

Il va pourtant de soi qu’on ne favorise pas l’investissement en cherchant à sauver un modèle économique qui vient de faire plonger la planète dans la plus grave crise de ces quatre-vingt dernières années. Faire des salaires l’ennemi de la croissance et de l’emploi, c’est faire le jeu de la crise. C’est s’entêter à vouloir systématiquement privilégier la finance sur le travail, le profit sur le salaire. C’est tout simplement jeter de l’huile sur le feu.

Il va tout autant de soi qu’on ne favorise pas l’investissement en laissant les actionnaires détruire le savoir faire industriel de notre pays : je pense à Caterpillar, par exemple. Et on voit bien que les décisions prises au plus haut niveau de l’Etat concernant l’automobile ne vont pas dans le sens d’un véritable plan de relance. Renault et PSA, bénéficiaires de fonds publics, vont supprimer 9000 et 11000 emplois ces prochains mois et continuent de privilégier leurs actionnaires à la relance durable de cette filière.

C’est pourquoi je réitère l’exigence du PCF de suspendre immédiatement tous les plans de suppression d’emploi et de convoquer dans les entreprises où ces problèmes se posent, des tables rondes élus-syndicats-directions d’entreprise de mobilisation des financements nécessaires. Ces mesures étaient contenus dans le plan de relance du PCF présenté par P. Laurent et que nous avons distribué dans toute la France, et qui comprend donc de nouveaux droits aux salariés, la création d’un pôle financier public...

On voit bien l’urgence de changer d’Europe. (BCE, dumping social et fiscal...)

On ne soutient pas non plus l’investissement en sacrifiant la recherche et l’université. C’est pourtant le choix fait par le gouvernement quand il persiste à supprimer 450 emplois d’enseignants chercheurs en 2009, tout en nous annonçant qu’il comptait en supprimer d’autres en 2010 et 2011. C’est pourtant le choix de Valérie Pécresse quand elle s’obstine à piloter la recherche selon les modes et les humeurs du gouvernement et à organiser la recherche dans l’unique objectif d’y importer le modèle d’organisation de l’entreprise.

Sur ce dossier, je constate de premiers reculs du gouvernement. C’est bien sûr encourageant. Et je me félicite que le PCF, le PS et les Verts aient décidé de lancer une grande consultation publique sur ce sujet. Je soutiens évidemment la détermination des chercheurs et des étudiants à continuer la lutte, de la même façon que je me félicite de la mobilisation du mouvement social : tout indique que le 19 mars pourrait être déterminant pour obliger le gouvernement à revoir sa copie sur tous les autres revendications populaires !

Enfin, on ne soutient pas l’investissement en s’attaquant aux collectivités territoriales qui font les ¾ de l’investissement public en France.

Ce matin, Monsieur Balladur nous conseille d’éviter « le conservatisme et l’inertie » ; je partage ce point de vue. C’est pourquoi je réfute les propositions faites par sa commission !

Comment définir ce qu’il nous propose sinon que l’accélération gravissime de ce qu’ils font depuis des années. En effet, depuis combien de temps la droite n’a qu’une obsession : désengager l’Etat, donner au privé ce qui peut être rentable et empiler le reste dans les collectivités territoriales.

Le fameux mille feuille territorial, c’est bien la droite qui l’a créé. Je ne reviendrai pas sur l’acte 2 de la décentralisation qui vire à la caricature en matière d’émiettement des compétences et des responsabilités qui peuvent être conjointes, concurrentes, partagées...

Et maintenant cette même droite prétend mettre de l’ordre dans tout cela. Il s’agit en fait de placer sous ses ordres toute la vie locale en leur intimant leurs rôles et leurs fonctions, voire en les abaissant, en créant de nouvelles instances et de nouveaux modes de scrutin qui au minimum ne feront pas avancer la démocratie et la proximité des citoyens envers les lieux de pouvoir.

Depuis deux ans, Nicolas Sarkozy a organisé la mise aux pas des médias. Il a réduit les droits et des libertés publiques tout en augmentant ses propres pouvoirs. Il décide seul des nominations des grands patrons des entreprises publiques et maintenant privées. Et Edouard Balladur veut désormais lui offrir sur un plateau le contrôle des collectivités locales.

En supprimant la compétence générale des départements, des régions et des communes membres de « métropoles », l’Etat sera en effet seul à disposer du pouvoir de dire qui a le droit de faire quoi dans chaque collectivité locale. Et c’est bien aux citoyens et citoyennes que ce droit sera retiré puisque leurs élus n’auront plus le pouvoir de répondre à leurs besoins et à leurs attentes. C’est toute la démocratie locale qui s’en trouvera annihilée.

Ce retour de l’Etat contre la démocratie locale, c’est évidemment le projet du grand Paris. Si ce projet était vraiment une ambition pour le développement économique, social, démocratique et culturel de la région, on pourrait s’en féliciter. Et si tel était l’objectif, tous les élus concernés seraient de cette démarche. C’est d’ailleurs à quoi ils travaillent dans le syndicat Paris-métropole. Ce que l’on entend donne malheureusement plus l’impression d’une recherche de gestion directe de la région par l’Elysée.

Toujours dans l’état d’esprit qui est le nôtre, favoriser le développement de nos territoires dans la démocratie locale, j’affirme avec mon ami Christian Favier le rôle des départements, complémentaire des communes et des régions pour répondre aux besoins des populations. Un mot sur la fusion des régions ! Une seule réponse, consultation et référendum.

Plus largement tous les élus savent que leur action peut dépasser les limites de leur territoire. Mais ce travail en coopération ne peut se faire que dans la concertation et la construction commune.

Lorsque j’ai été auditionnée par la commission Balladur, j’ai fait des propositions pour aller dans ce sens. Et l’ANECR en a fait également. En voici quelques unes qui me paraissent essentielles :
- maintenir les communes, les départements et les régions comme collectivités locales de plein exercice disposant d’une compétence générale.
- faire gagner en efficacité le travail en commun de toutes ces collectivités en définissant un véritable contenu à la notion de collectivité chef de file ou chef de projet.
- donner à toutes les collectivités les moyens financiers de répondre aux besoins de leur population en favorisant la péréquation financière entre les territoires (que le produit de la TP du 9 et du 75 soutienne le développement du reste de l’Ile de France). En réformant la TP plutôt qu’en la supprimant, par exemple en taxant les actifs financiers des entreprises à hauteur de 0,8%, comme nous le proposons, ce qui rapporterait 25 milliards d’euros.
- approfondir la démocratie locale en allant vers un véritable statut de l’élu et en approfondissant la démocratie participative.

C’est tout cela, lutter contre le conservatisme et l’inertie. Pas le retour en arrière que nous propose M Balladur.


Marie George Buffet, Secrétaire nationale du PCF
Introduction à la conférence de presse du PCF du vendredi 27 février 2009


Tag(s) : #Politique
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