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Politique - Article paru le 30 août 2008 dans l'Humanité

La Poste sur la voie de la privatisation



Concurrence . Le président Jean-Paul Bailly a annoncé jeudi la transformation de l’opérateur public en société anonyme au 1er janvier 2010.

Presque vingt ans après la transformation de l’administration des PTT en deux établissements publics (loi Quilès de 1990), dix ans après l’ouverture du capital de France Télécom (1997), le gouvernement compte achever le travail en lançant la privatisation de La Poste. Jeudi, le président de La Poste, Jean-Paul Bailly, a confirmé les informations qui avaient soi-disant « fuité » dans la presse début juillet. Lors d’un conseil d’administration, il a annoncé qu’il présenterait dans les prochains jours au gouvernement un projet de transformation de l’établissement public en société anonyme dès le 1er janvier 2010. Ce changement de statut serait suivi d’une ouverture du capital en janvier 2011 à hauteur de « 2,5 à 3 milliards d’euros », probablement sous forme d’une mise en Bourse.

Pour les dirigeants de La Poste, la création puis l’ouverture du capital est inévitable pour assurer son développement dans l’environnement concurrentiel européen, alors que le secteur postal doit être totalement libéralisé au 1er janvier 2011. « Les grandes manoeuvres ont déjà commencé et il est invraisemblable que La Poste ne fasse pas partie du mouvement », a martelé Jean-Paul Bailly, allusion aux opérations d’acquisitions lancées par les ex-opérateurs publics néerlandais (TNT) et allemand (Deutsche Post). « Nous ne pouvons pas prendre le risque de sortir du club des grands européens », estime-t-il, évoquant déjà « d’éventuelles grosses acquisitions » par La Poste.

Après ce discours prédateur, le manager a tenté de rassurer. Selon lui, ni le service public ni le statut des personnels (280 000 employés) ne sont menacés, puisque l’État restera majoritaire dans le capital, et que la loi « garantit les missions de service public ». Deux paramètres qui pourront sauter à tout moment, comme l’a montré le précédent de France Télécom, qui avait bénéficié des mêmes « garanties » en 1997. Dans la même veine, le premier ministre, François Fillon, a insisté sur le « caractère public de l’entreprise ». Faisant mine de n’avoir pas encore connaissance du projet de Jean-Paul Bailly, il a déclaré que le gouvernement « arrêterait sa position dans les prochaines semaines ».

Côté syndical, la confirmation du projet a en tout cas soulevé une opposition unanime. « Transformation en société anonyme, ouverture du capital ont des airs de refrains connus de privatisation. On sait ce qu’il est advenu des entreprises publiques qui l’ont entendu », a protesté hier matin la CGT, lors d’une rencontre avec la direction, en affirmant que « la privatisation n’est ni amendable ni négociable, elle se combat ». Pour SUD PTT, « l’hémorragie de 10 000 emplois par an n’est pas près de s’endiguer » avec une privatisation qui a déjà montré ses dégâts dans d’autres pays européens en matière de « présence postale, d’emplois et de tarifs ». Force ouvrière et la CFTC plaident de leur côté pour l’organisation d’un référendum sur l’avenir de La Poste. Comme prévu depuis juillet, six syndicats de La Poste (CGT, SUD, CFDT, FO, CFTC et CGC) se rencontrent mardi après-midi pour décider d’une journée d’action nationale « à la rentrée ».

Fanny Doumayrou

Tag(s) : #Services publics
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