Retraités "trop gâtés" ?

Pouvoir d’achat . S’appuyant sur une sous-estimation délibérée de la hausse des prix en 2007, le gouvernement corrige à la baisse la revalorisation des pensions pour 2008.

La retraite, c’est aussi l’affaire… des retraités. Et, de leur côté également, la colère monte. Dans un communiqué commun, les unions de retraités des cinq confédérations syndicales représentatives (CGT, CFDT, FO, CGC et CFTC), ainsi que la FGR fonction publique dénoncent « une véritable provocation » de la part du gouvernement.

Objet de l’ire : la revalorisation annuelle des pensions des 13 millions de retraités du régime général et de la fonction publique. Selon le projet de budget, en discussion à l’Assemblée, elle s’établirait à 1,1 % pour l’année 2008, alors que l’inflation est prévue à 1,6 %. De quoi conclure, en bonne logique, à l’annonce d’une baisse délibérée, de 0,5 %, du pouvoir d’achat l’an prochain.

« Tout faux », selon le gouvernement. Car les retraités, privilégiés qui s’ignorent, auraient trop perçu cette année. Explication. S’appuyant sur une estimation officielle de l’INSEE faite cet été, les services de Bercy ont fixé à 1,3 % la hausse des prix pour 2007. Alors que les retraités ont bénéficié, depuis le 1er janvier, d’une revalorisation de leur pension de 1,8 %. Ils auraient donc été « trop gâtés » et devraient, en somme, rembourser en acceptant pour 2008 une augmentation inférieure d’un demi-point à l’inflation annoncée… « Et voilà, ironisent les syndicats, le tour est joué… ».

À un détail près : cette construction repose sur une tromperie. Car les prix en 2007, du fait des augmentations intervenues au deuxième semestre, touchant notamment produits alimentaires et produits pétroliers, évoluent en réalité à un rythme plus élevé que celui retenu à l’origine par l’INSEE (d’octobre 2006 à 2007, l’inflation reconnue est déjà de 2 %). Et ces hausses concernent des postes de dépenses contraintes qui « représentent plus de la moitié des dépenses des retraités », notent les syndicats.

Rappelant que, selon des calculs récents de la revue Alternatives économiques, les pensions perdent en vérité chaque année, depuis 1994, 0,3 % de pouvoir d’achat, et soulignant que « les retraités ne sont pas qu’un coût », mais aussi « des acteurs économiques à part entière de notre société », les six unions syndicales « demandent que l’augmentation pour 2008 soit revue à la hausse ».

Y. H.

http://www.humanite.fr/2007-11-26_Politique_Retraites-trop-gates