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Ukraine: le point de non-retour à Kiev?

Rédaction Web
20 Février, 2014

Alors que la nouvelle journée de violences à Kiev a fait plus de 60 morts par balle parmi les manifestants, le président urkrainien Viktor Ianoukovitch se retrouve de plus en plus isolé. La Russie et l'Union européenne ne parviennent pas à s'entendre sur une sortie de crise.

Le point sur la crise ukrainienne:

Coups de feu à Kiev

Le responsable des services médicaux de l'opposition, Sviatoslav Khanenk, a indiqué dans l'après-midi que plus de 60 manifestants ont été tués jeudi par balle dans le centre de Kiev. Le ministère de l'Intérieur a fait état de son côté de 3 policiers tués. S'il était confirmé, le chiffre de l'opposition ajouté aux trois policiers tués porterait à près de 100 morts, dont 13 policiers, le bilan de la guérilla urbaine dont le centre de Kiev est le théâtre depuis mardi. Le bilan des affrontements de mardi et mercredi était de 28 morts dont 10 policiers.

Les forces de sécurité ukrainienne n'ont pas nié ce recours aux armes à feu. Mais le ministère de l'Intérieur a assuré qu'il s'agissait de "légitime défense" après que des inconnus ont tiré sur les forces de police dans la matinée. "Pour préserver la vie des policiers, il a été décidé de les ramener sur des positions plus sûres et d'utiliser des armes, en légitime défense (...) Les policiers ont le droit d'utiliser les armes à feu", a déclaré le service de presse des troupes de l'intérieur.

L'opposition manifeste

Plusieurs milliers de manifestants, dont des femmes et des retraités, participaient par ailleurs à une sorte de meeting permanent sur le Maïdan, où l'opposition a maintenu une scène sonorisée malgré les affrontements des deux derniers jours. Des déflagrations se faisaient entendre régulièrement aux alentours, dans l'épaisse fumée des feux de pneus allumés par les manifestants pour empêcher toute progression des forces anti-émeute.

Le siège du gouvernement, qui se trouve dans le centre-ville non loin de la place de l'Indépendance, a été entièrement évacué. "On a reçu un ordre officiel", a indiqué une responsable sur place. Des manifestations et affrontements avaient également lieu en province, notamment dans l'ouest nationaliste comme à Lviv, où la veille les manifestants se sont emparés d'un dépôt d'armes de la police.

[1]

Le président urkrainien isolé

Viktor Ianoukovitch apparaît de plus en plus isolé. Le chef de l'administration municipale de Kiev a rompu jeudi avec le Parti des régions, la formation du président Viktor Ianoukovitch, pour protester contre la répression dans les rues de la capitale ukrainienne. Volodimir Makiyenko avait été directement nommé par le chef de l'Etat pour gérer la ville. "La vie humaine doit être la plus haute valeur de notre pays, et rien ne doit être toléré qui contredise ce principe", explique-t-il dans un communiqué.

Sa décision fait suite aux déclarations de certains des plus riches oligarques du pays, comme le magnat de l'acier et du charbon Rinat Akhmetov, Viktor Pintchouk, autre milliardaire de l'acier, ou Dmitro Firtache, magnat du gaz et de l'industrie chimique, dont les intérêts semblaient protégés par le Parti des régions mais qui ont accru depuis mardi la pression sur Ianoukovitch pour qu'il s'abstienne de recourir à la force et fasse tout pour résoudre la crise par des négociations avec l'opposition.

D'un autre côté, Volodimir Fesenko, directeur du centre d'études politiques Penta, cité par l'AFP, indique que d'autres membres du Parti des régions sont en train de prendre leurs distances avec Ianoukovitch à la lumière des critiques émanant de Moscou et lui reprochant son manque de fermeté.

La Russie prône la fermeté

La Russie a appelé ce jeudi le président Viktor Ianoukovitch à ne pas se laisser marcher dessus comme un "paillasson" par l'opposition. Après avoir entretenu l'incertitude, Moscou a clairement établi un lien jeudi entre le déblocage d'une nouvelle tranche d'aide de deux milliards de dollars en faveur de l'Ukraine et le retour au calme à Kiev. Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a expliqué que la Russie ne pourrait traiter qu'avec "des autorités légitimes et compétentes, un gouvernement sur lequel le peuple ne s'essuie pas les pieds comme sur un paillasson".

La remarque du chef du gouvernement traduit d'une manière assez spectaculaire le regard que porte le Kremlin sur les hésitations du président Viktor Ianoukovitch et sur sa perte de contrôle face à la mobilisation de la rue. Moscou a promis mi-décembre au gouvernement ukrainien un programme d'aide de 15 milliards de dollars et une baisse des tarifs sur le gaz après le refus opposé par ce dernier à un partenariat politique et commercial avec l'Union européenne en novembre. Une première tranche a été débloquée à la veille de Noël. Mais selon une source citée par l'AFP, le déblocage d'une nouvelle tranche d'aide de 2 milliards prévu avant la fin de la semaine est désormais soumis à la résolution de la situation politique à Kiev. "Nous tenterons de tenir les promesses que nous avons faites mais pour cela il est nécessaire que nos partenaires soient eux-mêmes en bon état et que les autorités en Ukraine soient légitimes et compétentes", a dit Medvedev.

L'Union européenne précise ses sanctions

L'Union européenne se prépare à soutenir des sanctions contre les responsables des violences en Ukraine ainsi qu'à imposer un embargo sur les armes à destination de ce pays, selon le projet de communiqué de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Bruxelles.

Les sanctions envisagées visent la privation de visas et la surveillance, le gel des avoirs d'un certain nombre de responsables #Ukraine [2]

— Laurent Fabius (@LaurentFabius) 20 Février 2014 [3]

Les dirigeants européens font toutefois valoir que ce projet de communiqué est de nature à être modifié et que la décision reviendra aux ministres qui doivent se retrouver plus tard dans la journée.

Une médiation malgré tout

Les trois ministres des Affaires étrangères polonais, allemand et français ont rencontré durant cinq heures le président ukrainien, avant de se tourner vers les trois leaders del'opposition, MM. Klitschko, Iatseniouk et Tyahnybok. L'exigence des Européens est de parvenir à un compromis entre les deux parties. Selon une source européenne à Moscou citée par Reuters, "des chances de compromis existent. Les discussions se poursuivent."

Black smoke,detonations and gunfire around presidential palace. Meeting moved to another location. Officials panicky. pic.twitter.com/2JCMglQ1bL [4]

— Radosław Sikorski (@sikorskiradek) 20 Février 2014 [5]

Dans le même temps, le président russe Vladimir Poutine va envoyer à Kiev un représentant pour participer à une médiation avec l'opposition à la demande du président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, a indiqué le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par l'agence publique Ria Novosti. "Le président Ianoukovitch a proposé au chef de l'Etat russe d'envoyer un représentant à Kiev pour participer en qualité de médiateur à des négociations avec l'opposition", a déclaré M. Peskov, précisant que M. Poutine avait décidé de désigner pour cela son délégué aux droits de l'Homme Vladimir Loukine.

  • A lire aussi:

Ukraine : une issue politique toujours possible? [6]

Engrenages, l'édito de Michel Guilloux [7]

Stéphane Guérard

URL source: http://www.humanite.fr/monde/ukraine-le-point-de-non-retour-kiev-559638

Ukraine: le point de non-retour à Kiev?
Tag(s) : #Monde
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